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The Phoenix Rises
31 août 2012

Threshold : March of Progress

 

March of Progress17/20

"Un disque sincère, réalisé en parfaite éthique avec le groupe et son public et dégageant une grande générosité"

 

 

Entre tradition et modernisme, Threshold livre une musique progressive fine et classieuse très rare, faisant l’impasse sur la stérilité de la démonstration au profit de l’émotion pure et viscérale.

Description courte mais très représentative de l’art des britanniques qui officient dans leur registre depuis désormais vingt ans. Aussi uniques qu’ils sont discrets sur la scène internationale et finalement peu connus du grand public, Threshold est l’exemple parfait de ce genre de groupe intègre qui continu inlassablement et avec une qualité constante son expression dans un relatif anonymat.
Après un "Dead Reckoning" il y a cinq ans très bien accueilli par la critique et les fans, largement mis en avant grâce au partenariat avec Nuclear Blast, les anglais remettent le couvert une fois de plus sans grand enthousiasme médiatique autour d’eux. "March of Progress" s’apprête à sortir et (injustement ?) peu semblent véritablement l’attendre, tout du moins dans nos contrées.

Pourtant, c’est une nouvelle bouffée d’air frais dans le monde du metal progressif livrée par le groupe tant sa musique, le son et la manière de ficeler les mélodies est reconnaissable et surtout d’un professionnalisme à toute épreuve. Carré, pour ne pas dire cubique, mais laissant les émotions prendre le pas sur la technique, "March of Progress" est un album débutant d’une base bien ancrée mais s’émancipant suffisamment pour accueillir quelques pointes de modernité, d’innovations et surtout un savant travail autour des mélodies vocales sublimes et enchanteresses de Damian Wilson.
Impossible de ne pas succomber à sa voix doucereuse, certes sucré mais tellement porteuse d’émotions, comblant son déficit de technique pure par un feeling à toute épreuve se rapprochant parfois d’un phrasé bluesy.

Dès "Ashes", la beauté de l’ensemble, l’aspect fortement visuel et enchanteur qui se dégage des sonorités de claviers est une véritable plongée vers un monde revigorant. Le riff est tranchant mais jamais agressif, la voix de Damian tout en subtilité et classe (so british, well done), la batterie est un modèle de puissance carré, propre et sobre et que dire de ce refrain qui nous propulse en orbite en misant avant tout sur l’intelligence vocale ?
L’insertion de quelques sonorités électriques et du chant au vocodeur continue d’apporter de la variété et du charme à cette composition qui ne ravira clairement pas les adorateurs de riffs de bucherons ou encore les fanatiques de descentes de gammes. Il se dégage de Threshold un feeling, un charme presque ancestral et un travail harmonique d’une richesse rare (ce soli de claviers comme il est si rarissime d’en entendre…).
Il est évident que le groupe est complètement à son aise sur les morceaux mélancoliques composés à partir d’arpèges, tout comme on peut l’entendre sur le sublime "Staring at the Sun", aux couplets gorgées d’émotions (quelle voix…) mais aux pré-refrains laissant surgir des guitares syncopées et tout d’un coup beaucoup plus modernes. Il en va de même concernant "Liberty Complacency Dependency" où l’ombre du Dream Theater du passé plane, celui qui savait proposer l’alliance parfaite entre technicité ultime, émotion et feeling. Les soli de guitares ne sont pas forcément très technique mais ils possèdent une âme et une identité propre, un intérêt certain…notamment d’amener un riff redoutable et de retrouver une rythmique beaucoup plus épaisse et écrasante que l’atmosphère précédente.

"March of Progress" est un album où il y a énormément à dire mais où sa conception et l’appréhension que l’on peut en avoir dépend majoritairement de l’état d’esprit dans lequel sera plongé l’auditeur. Les fans du groupe seront clairement ravis car Threshold n’opère pas de révolution avec ce dixième album, mais se permet des incartades vers des paysages plus modernes dont il est logiquement moins familier. "Colophon", monstrueusement technique, n’oublie par exemple jamais de proposer des sonorités inédites mais également un fil rouge extrêmement simple et pur. Le morceau final, long d’une dizaine de minutes, est le genre de perle dont on voudrait tellement plus souvent entendre l’excellence sur les albums récents de prog. D’une variété énorme, avec un vocaliste au summum de son talent et surtout, une fois de plus, une richesse dans les atmosphères et une richesse incroyable dans le placement des riffs, des nappes de claviers et des atmosphères…il semblerait que l’on nage en plein songe lorsque l’on se laisse happer par le caractère captivant et intemporel de ce "Rubicon".

Intemporel. Oui, Threshold l’est car il n’appartient à aucune mode. Il ne peut être catalogué ou accolé à quelconque période ou style tant il apparait unique et hors du temps, puisant sa composition d’une influence bénie, comme supérieure, que l’on nomme inspiration.
L’inspiration pure non pervertie par les sirènes du conformisme et du mercantilisme tuant à petit feu l’industrie musicale actuelle. Certes, "March of Progress" n’est ni un album parfait, ni l’opus de la décennie, mais il est un disque sincère, réalisé en parfaite éthique avec le groupe et son public et dégageant une grande générosité. Des termes trop souvent oubliés de la sphère metal actuelle…

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